Historique
Les origines
La seconde moitié du XIXe siècle voit la création en Belgique des premières lignes de « chemins de fer américains » dans les centres urbains : Bruxelles en 1869, Liège en 1871, Charleroi en 1881 et Verviers en 1884. En effet, avec le développement de l’industrialisation, la main d’œuvre occupée augmente, les villages autour des usines se peuplent et se transforment en villes, les agglomérations se forment et par conséquent, les besoins de déplacements augmentent.
Deux tramways hippomobiles de la ligne Gare Ouest-Renoupré, place Sommeleville, en 1895. Collection Musées de Verviers.
Deux tramways hippomobiles place St Lambert à Liège. Date inconnue (entre 1871 et 1903). Collection Musée des Transports en commun de Wallonie.
Verviers, cité industrielle lainière, n’échappe pas à cette tendance. En 1881, les sieurs P. David, L. Mathonet et V. Besme introduisent une demande en concession auprès de la Ville qui est accordée en 1883. La Société anonyme des tramways verviétois (SATV) est née. Le réseau est opérationnel à partir du 1er juillet 1884. Il comporte à l’époque deux lignes desservies par des tramways hippomobiles : Verviers – Renoupré à Ensival et Verviers – Harmonie – Dison.
Tramway hippomobile rue de l’Harmonie, avant 1900. Collection Musée des Transports en commun de Wallonie.
Tramway hippomobile sur le pont des demi-lunes. Date inconnue. Collection Musée des Transports en commun de Wallonie.
Tramway hippomobile rue David, fin 19e siècle. Collection : Musée des Transports en commun de Wallonie.
Electrification
Le succès est au rendez-vous. Dès les années 1890, les exploitants envisagent de recourir à un autre mode de traction afin d’atteindre les communes limitrophes inaccessibles via tramway hippomobile car trop pentues. La vapeur est vite rejetée en raison des nuisances (fumée, bruit) qu’elle occasionnerait au profit de l’électricité.
Motrice électrique, Verviers, début 20e siècle. Collection Musée des Transports en commun de Wallonie.
Motrice électrique place Albert 1er (?), sur la ligne Verviers - Heusy, fin 19e – début 20e. Photo Martin Fettweis - Collection Musées de Verviers.
C’est en 1898 que la SATV obtient l’autorisation par arrêté royal pour l’exploitation de la traction électrique. Deux ans plus tard, les deux lignes de la SATV sont converties et une troisième ligne entre Verviers et Heusy est créée. En 1900, la SATV a transporté près de deux millions de voyageurs contre 925.000 en 1884. Jusqu’en 1914, la SATV est en pleine expansion : son réseau s’agrandit. Vu la multiplication des lignes, la compagnie prend la décision de les numéroter.
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Motrice 93, Fin 19e – début 20e siècle. Photo Martin Fettweis – Collection Musées de Verviers.
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Motrices électriques à l’angle de Crapaurue et de la rue du Midi (devenue rue des Martyrs). Collection Musée des Transports en commun de Wallonie.
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Motrice 79 début du 20e siècle. Photo Martin Fettweis – Collection Musées de Verviers.
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Motrices 89 et 43 rue de France, vers 1900. Collection Jean-Philippe Dheure
La SNCV établira également deux lignes vicinales dans la région verviétoise :
Verviers - Spa et Verviers - Eupen.
Motrice Spinette tractant une baladeuse sur la route de Balmoral, années 1910. Collection M. Hélin
Guerres mondiales
Comme partout ailleurs, la SATV connaît des temps sombres durant la Première Guerre mondiale : le réseau subit de nombreuses perturbations, mais les tramways continuent à circuler tant bien que mal.
A partir du 1er août 1918, le réseau passe entièrement sous le contrôle allemand. Juste après la guerre, la SATV passe par une phase de reconstruction puis reprend très vite son expansion. En 1934, la concession, d’une durée initiale de 50 ans, est prolongée jusqu’en 1960.
MM. Grosjean et Riki, receveurs et M. Lehousse, conducteur (Wattman) devant une motrice de la ligne 4. Date inconnue (vers 1912 - 1915?). Collection Musée des Transports en commun de Wallonie
Durant la Seconde Guerre mondiale, les tramways de la SATV connaissent une grande affluence, car pour beaucoup, il s’agit de l’unique moyen de transport encore disponible vu la pénurie de carburant et la réquisition du grand chemin de fer.
Une motrice verviétoise prise d’assaut par des soldats américains à la libération. Collection Musée des Transports en commun de Wallonie.
Photo inv. 436 : Lucienne et Félix Trévis, conducteur et perceptrice. Collection Musée des Transports en commun de Wallonie.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les hommes étant réquisitionnés, la SATV a engagé des perceptrices pour les remplacer. Certaines d’entre elles resteront dans la société après 1945 et finiront leur carrière en tant qu’aubettiste.
Lucienne Trévis a été occupée en qualité de perceptrice de tramways de 1944 à 1954. Lucienne et son mari Félix ont travaillé ensemble sur la même voiture de 1946 à août 1947 et sur les lignes Heusy Déportés et Vieuxtemps ainsi que celle d'Andrimont Mangombroux. La photo a été prise au Pont des Récollets à Verviers. Ils allaient prendre leur service.
L’après guerre apogée puis déclin
Après une courte phase de reconstruction, la situation des transports en commun à Verviers revient très vite à la normale. Après la guerre, le réseau est à son apogée. C’est d’ailleurs en 1946 que la SATV transporte le plus grand nombre de voyageurs, soit 19.300.000.
Les premiers autobus arrivent sur le réseau dès les années 50. C’est la SNCV qui amorce la fin du réseau électrique en remplaçant les tramways par des autobus sur la ligne Verviers-Spa dès 1952.
Autobus Brossel place de la Victoire, à l’ancien terminus du tram de Spa, le 1er juillet 1952. Collection Musée des Transports en commun de Wallonie.
Autobus Brossel et tramway sur la ligne 1, Ensival, rue Jean-Martin Maréchal, 1967. Photo G. Lange
En 1961, la SATV est remplacée par une intercommunale mixte, la Société des transports intercommunaux de l’agglomération verviétoise, soit la STIV. Elle assurera l'exploitation du réseau de Verviers jusqu'à la régionalisation du secteur des transports en commun en 1991.
Motrice 36 sur la ligne 1, place Verte, 1960.
Deux motrices sur la ligne 1 barré, place verte, 9 juin 1962.
Motrice 38 sur la ligne 4, place de la Victoire, mars 1962.